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Le 18 juin 1995, le Front National, profitant d'une "triangulaire", emportait la municipalité de Toulon. 

quelques souvenirs de ces 6 années...

La culture

Jean-Marie Le Chevallier, maire de Toulon, l'avait annoncé : il voulait « rendre aux Toulonnais une culture provençale ». La première offensive a été menée, dès 1995, contre le Théâtre national de la danse et de l'image (TNDI) de Châteauvallon et son directeur, Gérard Paquet, qui avait refusé les subventions des nouveaux locataires de la mairie. Cette croisade contre « une culture élitiste » est lancée avec le soutien actif du préfet de l'époque, Jean-Charles Marchiani. Faute de réussir à saborder le TNDI, la municipalité FN obtient le licenciement de M. Paquet. 

Parallèlement, elle met un terme au symposium de sculpture lancé cinq ans plus tôt et supprime les « ateliers éducatifs » du musée de Toulon. Le maire leur préfère la célébration de l'histoire : le 4 mai 1996, il organise à l'opéra une reconstitution du baptême de Clovis.

M. Le Chevallier s'attaque aussi à la Fête du livre qui, depuis dix ans, était la manifestation la plus importante de la ville : le 21 octobre 1996, il estime qu'il n'est « pas opportun » d'y inviter Marek Halter. La réprobation est nationale. Cela n'émeut pas l'équipe de M. Le Chevallier, qui souhaite « ouvrir plus démocratiquement » cette manifestation à des auteurs et à des éditeurs d'extrême droite. Les libraires toulonnais refusent d'y tenir leur stand. Après trois ans, cette « Fête de la liberté » ferme.

Credo provençaliste

Le credo provençaliste se manifeste notamment par l'érection d'une statue de Raimu, la création de micro-musées exaltant le passé colonial de la ville ("le musée de la figurine")... A ses détracteurs, M. Le Chevallier oppose le soleil et l'olivier, cet arbre symbole qui a remplacé la fontaine-sculpture commandée par la précédente municipalité à René Guiffrey en 1993. M. Le Chevallier la fait raser en juin 1996, ce qui lui vaut d'être condamné par le tribunal de grande instance de Toulon.

La jeunesse

La gestion de l'association "Jeunesse Toulonnaise" laisse une ardoise évaluée à 15 millions de francs. L'adjointe chargée de la jeunesse, Madame Le Chevallier, a englouti tout l'argent du service jeunesse dans un projet de maison de vacances - le Vallon du Soleil - tandis que les centres aérés, qui accueillent les enfants des familles les plus démunies, ont connu d'énormes difficultés. Les époux Le Chevallier ont été condamnés en appel à 8 mois de prison avec sursis pour complicité d'abus de confiance (ils ont annoncé leur intention de se pourvoir en cassation).

Coup de force dans une école maternelle

Dans le cadre de la semaine contre le racisme, en mars 98, l' école maternelle du Jonquet  avait fait tout un travail de sensibilisation, avec une exposition d'oeuvres d'enfants et de documents ; cette exposition avait été installée dans le hall d'entrée de l'école. L'école sert de lieu de vote ; à l'approche du scrutin des élections régionales, Richard Lopez, adjoint chargé des élections, a donné l'ordre de démonter les panneaux et d'enlever tous les documents : il a déclaré que cette exposition est une atteinte à la "liberté d'opinion" et "une provocation envers les électeurs FN ". 

Discrimination à l'embauche

Cendrine Le Chevallier a été condamnée le 5 mai 98 à un mois de prison avec sursis -peine confirmée en appel- pour discrimination à l'embauche (elle avait demandé que les postes disponibles à la mairie soient attribués à des sympathisants FN).

Palais de justice, annexe de la mairie

Cendrine Le Chevallier a été condamnée pour avoir tenu des propos diffamatoires à l'encontre d'une militante associative toulonnaise : lors d'une conférence de presse en septembre 95, l'adjointe au maire, déléguée à la jeunesse, avait traitée la présidente du collectif  "Mieux vivre à Sainte Musse" « d'agitatrice dans les milieux islamistes ». La condamnation (5 000 francs d'amende et 5 000 francs de dommages et intérêts) a été confirmée par la Cour d'appel d'Aix en Provence ; la condamnation est devenue définitive à la suite du rejet du pourvoi par la Cour de cassation, en février 1998, 

Jean-Pierre Calone, adjoint au maire, a été condamné le 17 mai 2000 à 12 ans de réclusion criminelle, pour "viols, agressions et harcèlement sexuels" sur 5 employées de l'office HLM de Toulon dont il était le président.

Le 16 février 2001, Jean Marie Le Chevallier comparaissait devant le tribunal de Toulon pour « subornation de témoins ». Il était accusé par d'anciens proches collaborateurs de leur avoir imposé des consignes de silence alors qu'ils soupçonnaient un marginal d'être pour quelque chose dans la disparition brutale en août 1995 de Jean Claude Poulet-Dachary, directeur de cabinet de J-M Le Chevallier et 14ème adjoint. "Il ne me paraît pas digne de briguer des responsabilités publiques . Il a monté une sordide intrigue politicienne au nom de laquelle il a bafoué son devoir de citoyen" a dénoncé le procureur Pierre Cortès dans son réquisitoire. Le tribunal a prononcé son jugement le 6 avril 2001, condamnant Jean Marie Le Chevallier à un an de prison avec sursis et 30 000 F d'amende.

L'héritage financier

La situation financière de la ville, en mars 2001, après 6 ans de "gestion" Le Chevallier :

Un audit financier

Les conclusions de l'audit confié au cabinet Michel Klopfer et rendues publiques en septembre 2001 ont confirmé les craintes : Toulon est une des villes les plus imposées de France, avec une dette de 1,4 milliard de francs (213,43 millions d'euros), pour un budget de 1,5 milliard. 

Plusieurs exemples illustrent la gestion de la municipalité Le Chevallier. Sur le marché des ordures ménagères, les factures du mois de décembre étaient systématiquement reportées sur l'année suivante (cela correspond à 3,5 MF). A la fin 2000, le maire avait signé un marché de 7,4 MF pour des travaux à l'Opéra alors qu'il ne disposait que de 20 % de la somme (les experts parlent de "comptabilité non sincère"). 

Les 23 satellites de la ville (SEM, parkings, gestion de l'eau ...) font peser une menace de 400 MF sur les finances de la ville. Pour maintenir sous perfusion la SEMTA, chargée de l'aménagement de la vieille ville, la municipalité Le Chevallier a insufflé 200 MF, "dont la ville ne peut aujourd'hui espérer de retour même partiel". Ayant une participation majoritaire dans cette SEM, la municipalité actuelle devra éponger son déficit, d'un montant de 166 MF. Il lui faudra aussi assumer un plan de redressement de 51 MF sur cinq ans pour l'office communal HLM, ainsi que le passif de 15 MF de Jeunesse toulonnaise...

à suivre ...

mis à jour le 1er octobre 2001

sources : Le Monde, Var Matin et Cuverville